Bilan 2024 — 5 ans de Flus

Publié par Marien, le 20 décembre 2024

Je publie chaque année un bilan de Flus. C’est l’occasion d’un exercice réflexif sur mon activité, permettant de comparer l’évolution par rapport aux années précédentes.

Habituellement, je publie ces bilans plutôt en janvier une fois que tous les chiffres sont arrêtés. Je n’en fais toutefois pas une règle stricte, et les chiffres ne sont pas les seules informations intéressantes de cet article ! Gardez seulement en tête que la partie financière risque encore d’évoluer un peu, mais que je remettrai l’article à jour en janvier.

Cette année, Flus souffle sa cinquième bougie. J’en profite donc pour faire un bilan très personnel de ces 5 premières années en fin d’article.

Pour rappel, Flus est une plateforme de veille en ligne. Elle permet l’éditorialisation de votre veille, en complétant les différents outils que vous pouvez déjà utiliser au quotidien. Vous pouvez ainsi y collecter, organiser, retrouver et partager facilement les liens issus de votre veille.

Vous pouvez retrouver les bilans des années précédentes en cliquant sur les liens suivants :

Bilan de l’activité

Beaucoup de choses se sont passées cette année, bien que la majeure partie se soit passée en sous-marin jusqu’en septembre. En effet, j’ai débuté le mois de janvier en souhaitant retravailler ma stratégie globale : cela m’a amené à entamer plusieurs chantiers internes qui n’ont pas été visibles avant la fin de cette année.

Des interviews autour de la veille

J’ai commencé l’année en menant des interviews avec une dizaine de personnes. Le but de ces interviews était de mieux comprendre les besoins en termes de veille de chacun et chacune. C’est à cette occasion que le terme d’« éditorialisation » s’est imposé à moi : il revenait systématiquement lors des discussions. Merci beaucoup aux personnes qui ont participé. Je souhaite d’ailleurs renouveler ce travail l’année prochaine car il a été fondamental pour la suite de l’année.

La refonte du site

Plus tard dans l’année, une opportunité s’est présentée à moi : une ancienne collègue graphiste, Elina Bufferne, cherchait un projet de conception graphique pour la fin de ses études. J’ai saisi l’occasion pour lui proposer de bosser sur la refonte du site flus.fr. Ça a été une très bonne expérience que de bosser à deux sur ce projet, et clairement essentiel pour rendre le site plus clair et plus visuel. Je la remercie encore pour son travail !

La mise à la retraite du service FreshRSS

Le travail stratégique entamé, j’en ai profité pour mettre à la retraite mon service FreshRSS — le tout premier service que j’ai proposé ! Ça faisait quelque temps que j’y songeais, car il m’était devenu très compliqué d’assurer la maintenance et la communication de deux services en parallèle. La dernière brique de cette mise à la retraite a eu lieu hier avec le nom de domaine historique du service (flus.io) qui redirige maintenant vers flus.fr. FreshRSS reste toutefois accessible aux utilisateurices déjà inscrit·es à l’adresse rss.flus.fr.

La réécriture des documents légaux

Lors de mes réflexions concernant la stratégie de Flus, j’ai rapidement identifié que les documents légaux qui régissent l’utilisation de Flus constituaient un risque pour mon activité. En effet, j’avais rédigé ces documents moi-même et j’y percevais plusieurs défauts qui auraient pu me porter préjudice face à une personne mal intentionnée. J’ai donc fait appel à un cabinet d’avocats pour réécrire les différents documents légaux de Flus.

La sortie de Flus 1.0

Flus a continué de vivre sa vie durant tout ce temps de manière assez tranquille.

Pour Flus 1.0, je n’avais qu’une seule chose à faire : revoir l’expérience utilisateur du journal. En réorganisant les menus ainsi que la présentation des liens, Flus a énormément gagné en maturité. Le reste n’a été que de la stabilisation et peaufinage de petits détails.

Une fois la 1.0 sortie, j’ai repassé du temps sur l’amélioration des performances globales. Beaucoup de travail très technique, mais qui en valait la peine : la plateforme est ainsi beaucoup plus véloce qu’avant.

Enfin, ce sont les tags qui sont apparus avec la version 1.1 de Flus en novembre.

Situation financière

Chiffre d’affaires

À l’heure où j’écris ces lignes, le chiffre d’affaires (CA) s’élève à un peu plus de 3 200 € pour un total de 103 abonnements pris. L’année n’étant pas encore terminée, j’estime qu’il pourrait encore progresser d’environ 200 €. C’est à peine plus que celui des deux années précédentes, mais cette observation nécessite d’être analysée de plus près.

Tout d’abord, je travaille à mi-temps sur Flus depuis 2022, soit une semaine sur deux. Ce mi-temps m’assure un revenu stable mensuel, mais m’empêche de me consacrer pleinement à Flus. À cause de cela, ainsi que du travail interne que j’ai effectué cette année, je n’ai pu communiquer que sur peu d’améliorations du service : seulement 5 articles dont un seul concernait des améliorations. Le début de l’année 2024 a donc été assez similaire aux deux années précédentes en termes de CA.

La tendance s’est néanmoins inversée en fin d’année avec la sortie de Flus 1.0. Le CA a ainsi sensiblement progressé sur les quatre derniers mois par rapport à 2023. La hausse devrait se situer entre 20 et 30 % : preuve en est qu’il y a eu un effet « communication ».

Dépenses et résultat

Si le CA a augmenté, les dépenses également.

Le gros de mon budget est évidemment passé dans les frais d’avocats pour réaliser les documents légaux. Mais même en excluant cela, mes dépenses ont augmenté de près de 15 % au total. Les causes sont assez variées entre des dépenses en fournitures plus importantes et une légère hausse des frais liés aux serveurs et aux noms de domaine.

Au final, l’année devrait se terminer par un déficit aux alentours de 1 300 €. Ce déficit est à relativiser, car je possède une trésorerie confortable, et que les abonnements couvrent toujours largement mes charges fixes. C’est le principal aujourd’hui pour moi : le service reste tout à fait soutenable et ne me met pas en danger.

Le prix libre

Depuis l’an dernier, Flus est à prix libre : ses utilisateurices peuvent choisir le prix de leur abonnement entre 0 et 120 €. Le résultat de ce modèle économique est très positif selon moi.

Tout d’abord, le montant moyen de l’abonnement s’élève à 31,36 € pour 103 abonnements pris. C’est légèrement plus que le tarif par défaut qui est de 30 €. On peut toutefois noter de fortes disparités entre les mois : la fourchette s’étalant de 17,38 € (décembre) à 48,58 € (mars).

Si je suis forcément content de voir des renouvellements à plus de 30 €, je le suis tout autant quand je vois des renouvellements à 5, 10 ou 15 €. Cela signifie que le prix libre rend Flus accessible à des personnes qui ne pourraient ou ne voudraient pas mettre plus ; c’est très bien.

Toutefois, il faut relativiser ces chiffres car j’en ai volontairement exclu les renouvellements d’abonnements à 0 euro. En effet, les raisons d’un tel renouvellement peuvent être très variées : manque de moyens, souhait de prolonger la période d’essai, pas l’habitude de payer pour des services en ligne, refus de renseigner les informations de paiement auprès de Stripe, etc. Je pense que compter ces renouvellements au même titre que les autres fausseraient l’analyse de l’ensemble.

Cela étant dit, il y a eu 37 renouvellements gratuits cette année. En les comptant, le montant moyen de l’abonnement s’élèverait ainsi à 23 €, ce que je trouve encore très correct.

Pistes pour 2025

Comme on l’a vu plus haut, l’année 2024 a été dédiée à plusieurs travaux internes qui n’ont pas apporté de bénéfices immédiats. Je considère toutefois que ce temps constitue une forme d’investissement pour la suite. Ainsi, l’année 2025 devrait être plus concrète d’un point de vue extérieur.

Mon objectif principal, je l’ai déjà annoncé, va être de réécrire et enrichir l’extension navigateur. C’est un chantier que j’imagine depuis plusieurs années, mais qui me semble aujourd’hui essentiel pour une meilleure expérience de veille. J’ai très hâte d’attaquer le travail, bien qu’il soit légèrement intimidant car il me fera sortir de ma zone de confort.

J’ai également la volonté pour l’année à venir de mieux analyser les problèmes que vous rencontrez, et de mieux prioriser les fonctionnalités à venir en me basant sur vos remarques et idées. J’ai déjà entamé des discussions sur le sujet, mais si vous avez de l’expertise dans la gestion de produits logiciels, en particulier sur la prise en compte des boucles de feedback : n’hésitez pas à me contacter. Je ne sais pas encore quelle forme cela prendra, mais j’ai hâte d’améliorer tout ça !

Enfin, le troisième chantier va sans doute être de migrer mon serveur email. Cela fait de nombreuses années que j’héberge moi-même mes emails. Si cela m’a toujours semblé moins compliqué que ce qu’en dise beaucoup de gens, cela reste un travail éreintant à la longue. Aujourd’hui, je ne peux plus me permettre que mes mails finissent dans les spams de mes utilisateurices. Je considère donc qu’il est temps que je déménage mes mails vers un hébergeur professionnel.

Et ensuite, si j’ai le temps ? J’ai des tas d’idées en tête :

  • permettre de lire et archiver les contenus directement dans Flus ;
  • améliorer la découvrabilité et la recherche des contenus ;
  • permettre de suivre d’autres sources de contenus (des newsletters par exemple) ;
  • revoir le design de Flus ;
  • etc.

Mais je ne me précipiterai pas, attendant d’échanger avec vous pour savoir ce dont vous avez le plus besoin !

5 ans de Flus… et moi ?

Et donc voilà : Flus a désormais 5 ans.

J’avoue être un peu fier de la longévité de ce projet alors que j’ai décidé d’écrire le logiciel de zéro. 5 ans, c’est plus long que certains projets de structures beaucoup plus grandes : je vous laisse d’ailleurs découvrir le site Killed by Google, le cimetière des projets abandonnés par Google.

J’y ai aussi passé très peu d’argent personnel ; le service se finançant par lui-même grâce aux abonnements. Si je n’ai pu me verser que peu d’argent pour l’instant, au moins je n’en perds pas par sa faute.

5 ans, c’est également incroyablement long par rapport à la peur de la lassitude que j’avais en démarrant le projet. Mais au final, même si j’ai eu des hauts et des bas au fil des années, je ne me suis jamais lassé. Au contraire, Flus reste un projet qui me passionne et il m’a permis de me trouver un équilibre de vie qui me convienne parfaitement.

Cet équilibre se retrouve ainsi également dans mon train de vie. J’ai d’abord pu financer le projet grâce à mon chômage. Aujourd’hui c’est un mi-temps au sein de la coopérative Probesys qui me permet de payer mon loyer et mes dépenses personnelles. Cela étant dit — et c’est peut-être ici que le bât blesse — cet équilibre reste précaire et à la merci des aléas de la vie. Je ne suis certainement pas à plaindre, mais cela reste globalement inconfortable.

Alors si j’ai un souhait pour 2025, c’est d’arriver à faire suffisamment décoller Flus pour commencer à envisager de me verser un bout de salaire. Je sais que pour y arriver, il me faudra travailler efficacement et beaucoup communiquer. J’envisage également de revoir légèrement à la hausse mon objectif financier pour cette année, alors que je ne l’ai paradoxalement jamais atteint jusque-là : une gageure ! Et si cela ne fonctionne toujours pas ? J’envisagerai les choses probablement sous un angle différent. Une chose est certaine : je continuerai de maintenir le service tant qu’il aura des utilisateurs et des utilisatrices et que j’en aurai les moyens !

Pour conclure cet article, j’adresse un grand merci à toutes les personnes qui soutiennent le projet depuis le début ! Que vous soyez utilisateurices de Flus ou non, vous êtes de plus en plus nombreux et nombreuses à en parler autour de vous, et cela fait nettement une différence. Merci encore ! 🙏